En ce début d’année, la CGT Ingénieurs Cadres et Techniciens vous présente ses voeux les meilleurs. Nous vous souhaitons une année pleine d’actions collectives pour la défense du service public et l’amélioration de nos conditions de travail.
Depuis plusieurs décennies déjà, la réduction des dépenses publiques a eu pour conséquences directes une intensification et un alourdissement du travail des agents de la fonction publique. La mise en oeuvre et l’utilisation non concertées des outils numériques n’ont rien arrangé et ont contribué à appauvrir la qualité du lien avec les usagers et usagères, mais aussi entre collègues. Enfin, l’idéologie managériale dominante prône des idées carriéristes individualistes qui mettent à mal les collectifs de travail au quotidien.
Entre 2015 et 2022 :
* Le nombre d’agents territoriaux a augmenté de 0,25 % à La Courneuve.
* Dans le même temps, le nombre d’habitants de la Ville a augmenté de 14,08 % (Contre 2,21 % en France).
* Dans le budget de fonctionnement communal, la part des dépenses consacrées au personnel est passée de 61,28 % à 54,5 %.
* Le budget communal consacré à l’investissement a augmenté de 11,44 % (Et par rapport à 2012 : de 104,39 %).
Vous avez l’impression que le service public communal s’est dégradé ? Qu’il manque des effectifs dans de nombreux services ? Qu’on vous demande faire plus avec moins de monde ? Que le service rendu aux usagers est moins bon ? Que ces derniers galèrent plus pour faire leurs démarches, obtenir une prestation, rencontrer les services ?
Ce n’est pas qu’une impression, c’est précisément ce que montrent ces chiffres : Le rythme de croissance de la Ville (Très au dessus de la moyenne nationale) se fait au prix d’une pression sans cesse plus forte sur les agents, que nous subissons toutes et tous dans nos services.
(Sources : Rapport social unique 2023, INSEE, Ministère de l’Économie et des Finances).
Cela a des conséquences sur la santé des salariés et notamment des cadres qui s’épuisent professionnellement et perdent le sens de leur travail. Ainsi, selon un sondage réalisé par notre organisation syndicale au niveau national, 61% des cadres de la fonction publique ne trouvent plus de sens à leur travail, la proportion de déclaration d’accidents du travail en raison de choc passée de 6% à 18% dans notre collectivité.
Par ailleurs, si de plus en plus de collègues échangent sur leurs problèmes d’épuisement au travail dans les relations interpersonnelles, le phénomène reste largement sous-estimé par la direction générale qui renvoie trop souvent les collègues à leurs « fragilités personnelles ».
Pourtant les recherches sur le sujet montrent depuis fort longtemps que les causes de cet épuisement sont à rechercher dans une organisation du travail pathogène.
À La Courneuve, qui est l’une des villes les plus pauvres de France, les problèmes financiers doublés de choix d’investissements démesurés ont conduit l’employeur à geler le recrutement de nombreux postes de travail de cadres. La charge de travail des postes vacants étant reportée sur les collègues en poste. L’employeur refuse de soumettre aux représentants du personnel les fiches de postes lors des discussions sur l’organisation du travail, défendant par la même une vision prescrite du travail bien
éloignée du travail réel.
Dans ce contexte de pénurie généralisée, certains cadres (Pourquoi certains et pas d’autres ?) ont reçu avant les vacances de fin d’année, une cocotte en papier à réaliser dans laquelle on pouvait flasher un QRcode renvoyant vers un programme de formation obligatoire intitulé « intégrer l’intelligence collective dans notre management ».
Écrit dans le pur style de la novlangue managériale, on peut y lire des phrases du type « Approfondir le dialogue authentique avec le cercle » ou encore « Progresser ensemble avec des rituels agiles »… Ce genre de formules incantatoires s’inscrit dans une idéologie « positive » qui vise à nier les problèmes du travail réel alors que la cocotte boue…
La question des collectifs de travail est au cœur du travail quotidien des cadres et les problèmes que nous rencontrons pour faire vivre les collectifs sont dus au manque de moyens humains et matériel.
Ils sont dus également à un circuit de décision qui prend de moins en moins appui sur nos compétences d’aide à la décision, faute de temps pour la réflexion et l’élaboration.
Ce modèle de la hâte au travail qui sévit de manière générale est à interroger ici aussi. De plus en plus de collègues n’en peuvent plus, témoin les départs de cadres récurrents dans la collectivité.
Parce que nous voulons continuer à faire vivre un service public de qualité pour les usagers et les salariés, nous vous invitons à vous syndiquer pour agir en ce sens.
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